|
|
Voici, ci-contre, le papier que Georges Chatain écrivit sur ce bouquin, qui fut publié le 15 février 2008. |
TÉMOIGNAGES Dans
l'enchevêtrement croissant des instances et des compétences
territoriales, reste-t-il encore une marge d'initiative et une légitimité
pour un maire de commune rurale ? En période d'élection
municipale, la question est d'actualité. Jean Chatelut, (vingt-quatre
ans de mandat dans un bourg historique) et Gilles Rossignol (onze ans
dans un village creusois) témoignent. SAINT-BENOÎT-DU-SAULT,
Indre, huit cents habitants, bourg-frontière entre Berry et Limousin,
est avec Collonges-la-Rouge (Corrèze) un des bourgs de l'association
des «plus beaux villages de France». Avec un riche patrimoine
paysager et architectural - une abbatiale pré-romane, des maisons
et des ruelles médiévales, des grands bâtiments conventuels
; mais la beauté, cela ne nourrit pas une population ; et
ce mini-pôle urbain d'une campagne bocagère enclavée,
en voie de désertification, pouvait sembler frappé irrémédiable
maladie de langueur. Jusqu'à ce qu'en 1977, l'arrivée d'une
nouvelle équipe marque un changement de cap. Élue avec le
programme d'ajouter à la gestion du «nécessaire»
des «indispensables initiatives», elle publie, par la plume
de son maire de l'époque, Jean Chatelut, une chronique illustrée
- quatre-vingt-treize photographies- de ces vingt-quatre années
d'activité. |
Un
autre, Dravsko Natchev, spécialiste des «typologies régionales»,
a édifié la salle des fêtes. Et l'espace paysager
a été confié à Gilles Clément, le théoricien
du «jardin sauvage». Parallèlement a été
mise en route une politique de réanimation économique, avec
la renaissance de foires interrégionales qui avaient fait dans
le passé l'attractivité du bourg, foires-concours bovines
et ovines, vins de Loire, foires grasses, spécialités rustiques,
création d'une zone artisanale. |
|
De L'ÉCHO-CULTURE, Page VII, du Vendredi 9 Mai 2003 :
ESSAIJean CHATELUT, dédicaçant ses ouvrages, lors du 2èeme Chapitre Nature au Blanc le 10 mai 2003. |
Nulle
nostalgie, pourtant, et encore moins de résignation, dans
ce plaidoyer pour la ruralité. L'auteur est de cette génération
gui a connu tout enfant l'avant-guerre de 39-45, le «bûcher
ou nous cassions les fagots pour allumer le poêle de la classe»,
la défaite de 1940, la radio de Londres et les mystères
de la Résistance. Passé l'enfance, il fut aussi «de
ceux qui partirent». Pour les études d'abord, puis pour
la vie professionnelle. Vers la région parisienne. Car à l'époque
tout parent soucieux de l'avenir de ses enfants n'avait de cesse
de les envoyer ailleurs. Le slogan «vivre
et travailler au-pays» n'était pas alors imaginable. Retour volontaire et professionnel, ensuite, avec ce regard élargi que donne l'itinérance, et avec «une foi militante, comme on osait dire alors, dans l'avenir de son pays». L'idée centrale de l'équipe municipale que mena Jean Chatelut de 1977 à 2001, c'est que ruralité n'est pas synonyme d'archaïsme, et qu'un bourg à patrimoine historique (Saint-Benoît-du-Sault, l'un des «cent-plus beaux villages de France», riche d'une abbatiale pré-romane et d'un patrimoine architectural du 15e au 18e siècle) ne devait pas se laisser momifier dans ses périmètres protégés et son imagerie touristique. A patrimoine ancien prétendit-elle, patrimoine contemporain. Ainsi fit-elle édifier ses nouveaux bâtiments par des architectes de haute stature, Chemetov (le ministère des finances), Natchev (le quartier parisien de la rue Saint-Blaise), Laberthonnière (professeur à l'école d'architecture de la Villette), son environnement par les paysagistes Gilles Clément et Alexandre Chemetoff. Elle donna aussi au village un patrimoine visuel, avec les photographes John Davies et Willy Ronis. |
L'idée
centrale de ce petit essai écrit à la première
personne, et qu'explicite son titre, c'est qu'un village, comme une personne,
c'est un visage qui «ne dévoile pas seulement le passé d'un
individu, mais tout autant ses potentialités», qu'il importe
de préserver ce visage de multiples mutilations, le mitage des périphéries
par des pavillons et des entrepôts dans le désordre, un traitement
uniforme des centres-bourgs, un envahissement par un mobilier urbain stéréotypé.
De lui conserver, aussi, toutes ses chances d'une activité économique
durable.
La conclusion de l'ouvrage est à ce propos savoureuse: l'auteur du livre
fait lire son manuscrit par un autochtone vieil ami d'école primaire.
Réaction de celui-ci : «Je m'aperçois que nous n'avons
pas vécu dans le même village. Toi tu étais du bourg, moi
du faubourg». Précision : Saint-Benoît-du-Sault n'a jamais
eu plus d'un millier d'habitants. Preuve qu'une ville, même toute
petite, c'est un monde.
G. C.
«
Village-visage»,
par Jean Chatelut,
collection «Carnets de chantier»,
Editions PaYse, rue du Portugal. 36170 Saint-Benoît-du-Sault.
100 pages. 10 €
|
JEAN CHATELUT NAISSANCE
DU PAYSAGE FRANÇAIS l'auteur
dédicacera son ouvrage : - 10 novembre 2001, Chateauroux, Librairie BORDES de 15 à 19heures - 17 novembre 2001, Gueret, durant les journées du Patrimoine départemental (on sait pas où c'est !) toute la journée... - 22 novembre 2001, Limoges, à la Librairie PETIT, Place Denis DUSSOUBS, à partir de 17h. |
Là,
on a pas trop de retard pour parler de ce bouquin de l'ancien maire
de Saint-Benoit, Jean Chatelut. C'est un bouquin superbe, avec
des repros couleurs de grande qualité (on ne dira pas la
même chose des repros en N&B). |
"HISTOIRE La
postérité n'est pas beaucoup plus juste que l'air
du temps. Comme lui elle a ses folies et ses phobies, et les historiens
doivent de temps en temps bousculer ses échelles de valeur
et ses certitudes acquises. C'est ce à quoi s'emploie Jean
Chatelut avec ce travail que publient les éditions Tarabuste, "Naissance
du paysage français". Sous-titre: "Tendu 1832,
Le Fay 1833-1842". Car c'est dans ces deux villages berrichons
que s'est en partie écrite une page d'histoire de l'art
qui fut, selon le terme de l'auteur, une «révolution
du regard». Révolution menée par de jeunes
peintres, rejetés par leur époque, souvent refusés
dans les salons officiels, et mal traités par la postérité,
Louis Cabat, Jules André, Jules Dupré (apprenti à treize
ans dans les manufactures de porcelaine de Limoges) Et poursuivie
par des peintres un peu plus connus, mais restés quand même
dans une ombre relative, Théodore Rousseau, Constant Troyon...
Ce sont les impressionnistes qui seront, un demi-siècle
plus tard, les grands bénéficiaires de l'apothéose
du paysage dont cette poignée de précurseurs, entre
Paris et confins limousino-berrichon
ont été les inventeurs |
C'est
dire qu'en ce début du 19e siècle, après la
tempête révolutionnaire, la normalisation napoléonienne,
et la restauration royaliste qui pensait pouvoir faire comme si rien
ne s'était passé, et revenir à un ordre présumé divin,
y compris dans les règles artistiques et littéraires
des académies en place, aller peindre un modeste paysage d'après
nature avait quelque chose de subversif. Un critique du temps, Maxime
du Camp, l'avait bien senti : «Cabat fut le premier qui s'insurgea
contre des règles décrépites. II exposa un paysage
simplement copié sur la nature. Ce fut une révolution,
on n'en revenait pas». Ce paysage, qui fit scandale au salon
de 1833, avait été peint dans la campagne argentonnaise.
Et Théophile Gautier insista, quelques années plus
tard "Cabat est l'aïeul du paysage moderne, et certes il
a le doit d'être fier de sa descendance; elle est belle et
nombreuse". L'ouvrage montre bien à quel point cette volonté nouvelle de peindre la nature comme elle est - non un panorama rama de paysage grandioses, mais l'humble nature du travail paysan était liée à la volonté d'en finir avec un ordre moral, intellectuel et politique; artificiel, oppressant et sénile. Ces jeunes peintres avaient été de ces "gilets rouges" qui avaient fait le coup de poing en faveur de Victor Hugo (lequel, à l'époque, n'avait pas non plus trente ans) à la bataille d' Hernani ; certains - Louis Cabat lui-même, avaient ensuite été sur les barricades de la révolution de juillet 1830, celle qui inspira le célébrissime tableau d'Eugène Delacroix "la liberté guidant le peuple". II s'était ensuite engagé aux côtés d'un peuple floué de sa victoire. Au "pieux roi" détrôné, Charles X, la classe politique avait substitué le "roi bourgeois", Louis-Philippe, et la répression de classe avait .fout dé suite repris son travail sécuritaire : avec le massacre de la rue transnonain, immortalisé par daumier avec un dessin aussi terriblement efficace et accusateur qu'un instantané photographique. |
GEORGES CHATAIN
Jean
Chatelut: "Naissance du paysage français".
Texte illustré de vingt reproductions de dessins, esquisses et tableaux.
Editions Tarabuste. 116 pages. 100 F (15,24 euros)."
|
à suivre...
Ces
pages sont des pages d'informations générales sur la commune.
<<retour à la page d'accueilt>>